La voiture électrique a été longtemps cantonnée à la seconde du voiture du foyer. Avec l’augmentation continue des capacités des batteries, une voiture électrique peut être envisagée comme véhicule unique du foyer. Il faut néanmoins bien définir ses besoins.
D’abord définir ses besoins de trajets
Il est indispensable de bien définir ses besoins en termes de trajets. Il faut déjà distinguer les trajets exceptionnels (entre 5 à 10%) des trajets quotidiens. Tous les trajets du quotidiens, ainsi que les petits WE dans les 200 km ne pose pas vraiment de soucis.
Quand il s’agit de voiture électrique, on a tendance à faire une fixation sur les longs trajets. Il est nécessaire de concrètement poser sur papier ses trajets réels les plus longs que vous faites en voiture au cours de l’année.
Simuler les trajets longs avec ABRP
Une fois identifiés, utilisez A Better Route Planner (ABRP) sur ABRP mobile (version iOS ; version Androïd) ou sur le site web. Choisissez votre véhicule électrique puis simulez.
Dans l’exemple, il s’agit d’un trajet de Paris à Poitiers de 339 km. Avec le véhicule choisi (ID.3 77 kWh), le temps de trajet est de 3h20 avec une seule recharge de 7 mn. En choisissant la ID.3 avec une batterie plus petite (58 kWh), le trajet est allongé de 21 mn. Si ce temps additionnel vous paraît acceptable pour un trajet rare, il n’est pas nécessaire de dépenser beaucoup plus pour une grosse batterie que vous n’utiliserez que rarement à pleine capacité.
Il s’agit réellement de votre acceptabilité de faire des pauses un peu plus longues quelques fois par an qui vous permettra de faire le choix le plus pertinent de véhicule électrique mais aussi de taille de batterie sur un même véhicule.
Quel véhicule électrique unique du foyer choisir
Selon la fréquence de vos trajets longs sur l’année, je ne conseillerais pas de batterie en dessous de 58 kWh net ou 425/450 km WLTP. Il y a les ID.3, la future Megane électrique (dispo début 2022), Hyundai Ioniq 5, Kia EV 6 et autre Mercedes EQA, Audi e‑Tron Q4…voir les détails sur la description des modèles actuels.
Si vous avez le budget et que vous faites de nombreux trajets longs, aujourd’hui, les Tesla grande autonomie (614 km sur le model 3) sont les plus indiquées. De plus elles bénéficient du réseau dense des Tesla SuperCharger pour recharger. Le prix de la recharge est de 37 centimes par kWh. Par contre, les Tesla sont pour l’instant larges et longues et ne sont pas faites pour tous en dehors de l’aspect budgétaire.
Qu’est-ce qui fait la différence sur les longs trajets
Aérodynamisme et poids
L’aérodynamisme (Cx et sCx), la pénétration dans l’air, est particulièrement important sur les longs trajets autoroutiers. Plus la vitesse est élevée, plus la résistance de l’air est importante. Ce qui explique qu’il y ait une grosse différence entre conduire à 110 ou 130 sur un véhicule pas très profilé.
Le poids joue également un rôle. Mais attention, l’aérodynamique aura plus d’influence que le poids à haute vitesse. L’idéal est un véhicule aérodynamique avec un poids le plus contenu possible.
Taille de la batterie
La taille de la batterie s’exprime en kilo Watt heure (kWh). Plus elle est grande, plus on pourra potentiellement faire, sur un même modèle, de kilomètres (on parle d’autonomie normalisée WLTP). Prenons l’exemple précédent de l’ID.3 qui existe avec plusieurs tailles de batteries. Les trois batteries offrent : 45 kWh (350km), 58 kWh (425km), 77 kWh (549 km). Plus une batterie est grosse, plus on pourra potentiellement la recharger à haute vitesse, mais pour cela, la vitesse maximale de charge joue un rôle important.
Vitesse de recharge (en kW)
Les vitesses de recharge sont très variable selon les véhicules. Cela va en CCS (standard de recharge rapide européen), de 30 kW (en option sur Dacia Spring) à 270 kW sur la Porsche Taycan. Il est important de noter que la charge d’une batterie n’est pas linéaire. Elle commence très fort (atteignant le pic de recharge) jusqu’à 30/ 40% voire plus puis décline. En général, la vitesse tombe très vite après 80%. C’est pour cela qu’il est conseillé d’arrêter la recharge sur autoroute à 80%. Sur certains modèles, la recharge mettra autant de temps de 80 à 100% que de 10% à 80%.
En ayant ces notions de 80% en tête, on comprend aisément que plus la batterie est grosse, plus la vitesse de recharge peut être importante. Pour maximiser la vitesse de la recharge, il faut un certain type de courbe de recharge
Importance de la courbe de recharge
On appelle courbe de recharge celle qui correspond à la vitesse de recharge en kW par rapport au % de remplissage de la batterie. Ici, le YouTuber Bjorn Nyland (excellente chaine en Anglais). C’est ce qu’on appelle une courbe de recharge plate (flat curve charge), qui est idéale pour recharger plus rapidement. C’est à dire que la charge maximale en kW est maintenue très longtemps. Ce qui veut dire que 2 véhicules différents avec la même taille de batterie, et la même vitesse officielle de recharge (Par exemple 100 kW), les résultats de vitesse réelle de recharge peuvent être radicalement différentes si l’une a une courbe plate alors que l’autre baisse très vite dès 30%.
Conclusion
Vous l’aurez compris, il est parfaitement possible d’avoir un véhicule électrique comme seul véhicule du foyer. Une fois que vous aurez bien évalué vos trajets longs exceptionnels (simulez aussi la température pour l’hiver sur ABRP), vous pourrez choisir votre type de véhicule le plus adapté.
Vous ne vous arrêterez pas à la seule donnée d’autonomie WLTP ou taille de la batterie (kWh). Il faudra tenir compte de la vitesse maximale (en kW) de recharge et de la courbe de recharge. Celle ci doit être la plus plate possible pour recharger rapidement jusqu’à 80%.
En bonus, je vous mets les résultats des challenges 1000 km de Bjorn Nyland